Computer Science is no more about computers than astronomy is about telescope.
E. W Dijkstra

Le programme de recherche synthetic est née à l’esba TALM (Angers, Le Mans, Tours), et a été initié par Felix Agid et Christian Morin, tous deux engagés depuis plusieurs années sur des problématiques liées aux usages de l’ordinateur comme dispositifs assistés par la computation dominant concrètement les pratiques et les modes de productions : ce qu’on appelle communément le computationnalisme, ou le tournant computationnel. De par la généralisation à la fois personnelle et collective de l’usage des ordinateurs et des systèmes de production associés, le numérique apparaît aujourd’hui comme le moteur quasi unique de la convergence des pratiques. Et parce qu’il gouverne la quasi-totalité des dispositifs de production industriels et cognitifs, le numérique joue le rôle d’intégrateur des champs. Cette refonte offerte par les processus computationnels et notamment la robotique n’a qu’une seule origine : l’usage de l’ordinateur en tant que machine logique, et la capacité que possède l’ordinateur d’intégrer tous les segments des savoirs orientés vers la fabrication. L’ordinateur n’est ni outil ni moyen.

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Croissance exponentielle de la puissance de calcul entre 1900 et 2100 : comparaison avec les capacités de calcul chez l’homme, « tous » les hommes, un rat, et un moustique.. Source : Kurzweil, R, The Singularity is Near: When Humans Transcend Biology, NY, Viking Penguin, 2005, p 70

C’est dans une perspective réaliste qui ne peut exclure la gageure d’un déterminisme technologique, que synthetic tente à travers des expériences collectives comme des workshops, des colloques, des plateformes de création expérimentales ou la réalisation de prototypes, de percevoir les effets concrets de l’ordinateur sur les formes (objets, environnement et symboliques), sur le travail et son organisation, et sur les coûts de fabrication.

Synthetic a une constitution ouverte et collaborative, dans un contexte où culture, technique, travail et politique sont liés par l’ordinateur. Le programme intègre un réseau d’écoles, de pôles d’enseignement, ou de départements en relation avec ses objectifs concrets (Design Nouvelles formes de Convivialités – ESAD Valenciennes, Digital Knowledge – ENSAPM), et devrait permettre de former des designers cultivés et créatifs, engagés dans une nouvelle ère économique.

En se basant sur l’expérience de l’unité de recherche Résonances, synthetic veut maintenir les pratiques expérimentales au cœur du programme, et tient à l’équilibre entre les interventions théoriques et les expérimentations. Comme domaine intégrateur, la recherche computationnelle doit être nourrie de connaissances diverses et permettre aux chercheurs et aux étudiants de se frotter à des contextes et des formations variées.

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La problématique de l’usage de l’ordinateur en tant que machine logique est comprise dans une optique réaliste ou sa caractéristique fondamentale est d’étendre constamment son domaine d’action sur d’autres champs de savoir et pratiques. Autrement dit cet usage, qui dérive profondément d’une redéfinition du calcul, n’est jamais borné par une technique mais constitue un liant entre production industrielle et construction, entre histoire des techniques et concepts de culture, entre spécialisation croissante de l’environnement productif et convergence des pratiques à l’ère computationnelle. Cette perception de l’ordinateur comme le démonstrateur du stade de construction globale (objet et environnement) conduit les expériences menées dans le cadre de Synthetic vers démarche prospective et profondément spéculative, convoquant aussi bien l’histoire des sciences et l’épistémologie que la création d’outillage et la mise en œuvre concrète, la philosophie et l’histoire de l’art que la programmation orientée objet. Nous considérons l’ordinateur comme un élément théorique qui fait le lien entre la révolution scientifique du XVIIème siècle et les deux grandes révolutions industrielles. Si le design en tant que telle soulève dès sa désignation le problème de la transversalité (art, ingénierie, philosophie et histoire), le mode computationnel, de par la généralisation de l’usage des ordinateurs et des systèmes de production associés nous semble le moteur quasi unique de la convergence des pratiques, et des savoirs. Les enjeux liés à l’enseignement du design à l’ère numérique ne peuvent donc servir uniquement l’idée de technique embarquée : en tant que complexe technologique global, c’est dans les croisements effectifs entre usages pratiques, connaissances abstraites, jeux sémantiques et langagiers, et nouveaux paradigmes organisationnels de la production (capitaliste ou non), que l’ampleur pédagogique du numérique (parce qu’avant d’ordre  théorique et philosophique) se révèle dans sa globalité. Pour reprendre une vielle citation de Macluhan, en conclusion de son ouvrage Pour comprendre les médias datant de 1964 : « L’homme a commencé à se spécialiser. L’invention de l’écriture et celle de l’imprimerie ont été les étapes principales de cette évolution. L’homme spécialisé a séparé au suprême degré le savoir et l’action, même s’il apparaissait à certains moment que la plume était « plus puissante que l’action » […] Mais avec l’électricité et l’automation, la technologie de la fragmentation des processus s’est soudainement fondue avec le dialogue humain et le besoin de chercher avant tout l’unité humaine […] Il est possible de programmer les spécifications d’un avion et de « l’essayer » dans les conditions les plus adverses avant qu’il nait quitté la planche à dessin […] Nous pouvons maintenant grâce à l’ordinateur, répondre à des besoins sociaux complexes avec la même sûreté architecturale que nous manifestions naguère dans l’érection d’habitations individuelles. L’unité de supputation est désormais la totalité de l’industrie, et la chose est également vraie de la société, de la politique, de l’éducation »[1].

 

[1] Marshall Mc Luhan, Pour comprendre les médias, Editions Mame/du Seuil, 1968, p 389-390 (trad. Jean Paré)

Le dénominateur commun que synthetic veut intégrer dans son corpus de recherche (robotique, science des matériaux, neurosciences) est la question du travail comme forme de valorisation et la question des formes entendues au sens large.

Synthetic veut aborder la production des formes (robotisées ou médiatisées par les interfaces cerveaux machines) sous l’angle de la diminution inexorable du travail dans le spectre de la création de valeur et à terme dans le cadre de l’ensemble de la production du design. Puisque l’objet de recherche de base est la forme construite, les résultats seront à la fois théoriques et d’ordre plastiques ou constructifs (cf. Méthodologie) L’approche économique est indispensable, mais elle doit s’accompagner d’études sociologiques et historiques (histoire de techniques et des sciences dures). L’approche plastique doit être intégrée dans le champ de l’ingénierie.

1. – Les outillages « logiciels » qui tendent vers une domestication de plus en plus poussée : l’exemple deHAL(Thibault Schwartz) est sur ce point très marquant.
2. – Les outils « hardware » (mécaniques, électroniques, robotiques) associés, tel que l’assistance robotisée, la fabrication d’outillages spécifiques (perceuse au fil chaud, robot armé d’une kinect, robot armé d’un bras STL, etc.)
3. – Les matériaux composites susceptibles d’être usinés, découpés, assemblés par un robot : polystyrène associé au béton / bois associés au béton / fibre de carbone appliquée par robotique / carbone / tous types d’alliages métaux / émergence des nano matériaux.
4. – Les processus de conception, et de production : le BIM (Building information modelling) ou le paramétrique au sens large, qui reconfigure les standards de production ; la production multi échelle ; la simulation ; les standards de fichiers (fichiers STEP etc.) ; les standards de machines.
5. – Le besoin en main d’œuvre qui baisse inexorablement : la valorisation du travail ; le déclin du travail manuel ; le travail sous la troisième révolution industrielle.
6. – La réalité virtuelle / la réalité augmentée / l’interface cerveau machine / l’interaction 3D au sens large.

– Workshops sous la direction d’un ou plusieurs artistes/enseignants/scientifiques ou invités.
– Conférences en amphithéâtre, films.
– Etudes scientifiques menées en partenariat dans les laboratoires spécialisés d’organismes de recherche ou d’écoles d’Ingénieurs.
– Expérimentations technologiques et réalisations plastiques faisant appel aux nouvelles technologies.
– Travail de recherche personnel des étudiants en atelier.
– Élaboration d’une plateforme numérique, sur le web, pour développer les interactions.
– Voyages d’études
– Événements publics pour l’exposition ou la diffusion des réalisations.
– Publication critique des colloques ayant accompagné et nourri le projet.
– Conception et réalisation d’une édition multimédia (livre & dvd).
  • Journée d’étude : Politique du design, Néo-mécanisme & Computation

Jean-Michel Salanskis (Université Paris X Nanterre) – L’art et le computationnel
Gérard Chazal (Université de Bourgogne) – La notion d’objet à la lumière du numérique et du computationnel
Philippe Morel (UCL Bartlett, ENSAPM), existe t-il une politique computationnelle ?

 

  • Workshop  : Synthetic Foam – 2012 (esba TALM / TU Delft / ESAD Valenciennes)

« Synthetic 2012 : Foam » est une rencontre entre l’esba TALM (Le Mans, Angers), TU Delft (Delft University of Technology, Rotterdam), et l’ESAD Valenciennes autour d’une expérimentation sur la construction robotisée de grande dimension. Le programme comprenait un workshop en deux phases (phase 1 –  Le Mans / phase 2 – Rotterdam) ; le suivi d’un colloque à Paris (ENSAPM) ; la réalisation d’un film ; la conception et la réalisation robotisée d’un prototype de 5 m x 3m x 3m

 

  • Journée d’étude : Computation – Economie – Travail (esba TALM / ESAD Valenciennes)

« Computation, Economie et Travail » s’attachait à décrire les implications de la computation sur le travail dans le capitalisme de la troisième révolution industrielle et à s’interroger sur la façon dont les nouvelles technologies et le design participent d’un renouvellement des modèles. Conférenciers  : Guillaume Pradels (Responsable produits, ABB Robotique France) ; Anselm Jappe (Philosophe et enseignant, théoricien de la nouvelle critique de la valeur) ; Olivier Biencourt (Économiste; Conseiller régional; vice-président de la commission Économie, Innovation, Enseignement Supérieur et Recherche) ; François Delègue  (Un autodidacte de la RepRap) ; Fabien Eychenne (Chargé de projets à la Fing, fondation Internet nouvelle génération) ; Julien Bellanger (Chargé de projet à PiNG  : espace de ressources et d’expérimentation, atelier de  fabrication numérique) ; Laurent Gardin (Maître de conférences, chercheur en économie solidaire, Institut du développement  et de la prospective, Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis)

 

  • Expositions

– « Synthetic  » : 17-24 Mai 2012 : esba TALM Site Le Mans

– “Innovations” : 21 Juin-6 Juillet 2012 : Castle ShlossPark, Paderborn, Germany

– « Foam » : 23 Novembre-19 Décembre 2012 : ESAD Valenciennes

 

  • Enseignement intensif : Robotique & Fabrication – trajectoires & outillages (esba TALM, Le Mans)

Cet enseignement intensif voulait, par un protocole expérimental, explorer la question de la fabrication robotisée d’un objet (forme, élément, structure), et la programmation d’une trajectoire associée à la conception d’un outillage spécifique. Cet enseignement s’inscrit dans le cadre de séminaires optionnels proposés aux étudiants de 4ème années à l’esba TALM, Le Mans.

 

 

Participation et manifestations diverses :

 

  • Workshop : Vision Machine (ENSA Paris Malaquais, à l’invitation de Digital Knowledge) Février 2013  :

Thème : Vision machine, traitement algorithmique d’image, urbanisme, robotique, fabrication numérique.

Outils : Python / RoboRealm© / Grasshopper© / Robot 6 axes ABB

– Initiative et enseignement : Felix Agid et Tristan Gobin – Invitation ENSAPM, Digital Knowledge

  • Studio semestriel : Kinect & Robotique (ENSCI Paris, à l’invitation de François Brument) 2012-2013

Thème : Robotique, fabrication numérique, interactivité Kinect, algorithmique.

Outils : HAL© / Grasshopper© / Microsoft Kinect © / Robot 6 axes ABB

– Expérimentation robotisées HAL et suivi de projet : Thibault Schwartz et Felix Agid ; Initiative : Fablab ENSCI (François Brument)

  • Workshop : Gestes et Trajectoires (ENSA Paris Malaquais, à l’invitation de Digital Knowledge) – 2012

Thème : Robotique, fabrication numérique, interactivité Kinect, algorithmique

Outils : HAL© / Grasshopper© / Microsoft Kinect ©, Robot 6 axes ABB

– Initiative et enseignement : Felix Agid et Minh Nguyen – Invitation ENSAPM, Digital Knowledge

Conférences & lectures :

  • Axiomatique et Vision (machine)”, ENSAPM  (F. Agid, Février 2013)
  • Synthetic : Computation et Economie”, ESAD Valenciennes (F. Agid, Novembre 2012)
  • Grille et Nuage, y a-t-il un passage par zéro ?  » ENSAPM (F. Agid, Juin 2012)
  • Synthetic ou une forme du computationnel ”, ESA Paris (F. Agid, Décembre 2011)
  • Comment ne pas la jouer discret ”, ESA Paris (F. Agid, Décembre 2011)